Mémoire - Photographie

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Mon premier appareil photographique m’a été offert en 1967 pour mes dix ans.

Très vite passionné, j’ai voulu photographier mes ainés, conserver des traces d’instants fugitifs. Jeune, j’ai pris conscience que la photographie était un support important pour nos souvenirs.

 

Dès lors, chez ma grand-mère alsacienne, les soirées passaient à parcourir ses albums photos pendant qu’elle me parlait de son enfance. A ma demande elle porta les noms, les prénoms, les lieux et les dates des sujets photographiés.

De par la situation géographique de l’Alsace sa famille avait changé 5 fois de nationalité en 150 ans. En écoutant ses récits de vie, j’étais impressionné par les évènements vécus dans cette région et je réalisais l’importance de la transmission. Là, débutèrent mes premiers travaux « passions » sur la mémoire.

 

Tous mes travaux portent sur la vie ; vie regardée frontalement, ou suggérée ; peut-être seront-ils des points d’appui pour les mémoires futures. La mémoire est volatile, ces traces fugitives de vie peuvent être fixées par des écrits, des films, des photographies. Ainsi nous devenons « passeurs » de mémoires.

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Mémoire, regard

 

 

Mémoire, transmission, empreintes fugitives. Passage de l’humain, du temps, de l’histoire… tout cela me marque, m’inspire, alimente mon désir de création. Que cela soit sur la mémoire, sur le quotidien, sur la vie urbaine, des reflets irréels ou des empreintes subtiles de présence, l’intégralité de mes travaux présente la vie.

 

Le temps passe et pose un voile sur les souvenirs, les détails s’estompent. Mais sur une photographie, quelle qu’elle soit, la vie demeure. Et parfois même elle peut nous fournir des clefs pour comprendre le monde.

 

En photographiant les traces d’absences, les lieux abandonnés, vestiges d’un passé de vie, je photographie le présent, ce passé qui a rouillé. Même quand l’espace semble vide, il faut apercevoir la vie qui y subsiste.

 

La photographie me permet d’exprimer mon ressenti face à une situation, ma sensibilité m’amène à inventer des histoires. Jeune, je ressentais ce plaisir en observant ces vieilles photos jaunies que me montraient mes aînés. Avec mes premiers appareils je cherchais à saisir ces instants éphémères que je croisais au fil des jours et au détour de mes balades.

 

Je me veux attentif et curieux, observateur à l’écoute de mes aînés, d’évènements qui entourent mon quotidien, d’évolutions de nos vies « modernes ». C’est la photographie qui permet de transmettre et d’exprimer au mieux ce que je vois et ce que je ressens. Je porte un regard sur les traces, sur les empreintes de vies laissées, témoignages du temps qui passe.

 

A l’ère de la digitalisation où tout est si impalpable, retenir le temps afin de mieux le transmettre, surtout ne pas laisser disparaître les empreintes et plus que jamais continuer à en récupérer le fil.

 

La lumière qui imprègne l’œil argenté de l’objectif fixe le présent, le passé, et nous permet d’entrevoir l’image d’un monde possible.

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François Wehrbach

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